L'auteur de Retour vers le futur, Mort ou Vif et Predator s'attaque au cinéma gothique, trois ans avant son phénoménal La Légende de Beowulf. Et c'est peu dire qu'à l'écoute de cette bande originale, on imagine un tout autre film que le Van Helsing de Stephen Sommers...
Les années 2003 / 2004 promettaient un renouveau historique du cinéma gothique hollywoodien, laissé à l'abandon depuis l'échec commercial douloureux de Dark City. Hélas, ni Underworld, ni La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ni Van Helsing ne tiendront une seconde la comparaison avec l'oeuvre de Proyas, chacun se reposant avec plus (Van Helsing) ou moins (Underworld) de moyens sur un "pitch" simpliste, voire une approche infantilisante. Loups-garous + vampires par-ci, homme invisible + Hyde + immortel + aventurier légendaire par-là... Des associations fortes et fantasmées de longue date, mais qui ne dépasseront jamais le stade des intentions, aussi honnêtes soient-elles.
Le constat est paradoxalement tout autre du côté des bandes originales. Si Underworld ne brille pas plus musicalement qu'à l'écran, le travail de Trevor Jones sur LXG s'est avéré d'une maîtrise atmosphérique inouïe, l'auteur y validant des expérimentations holstiennes entamées sur Dark City (qui partageait sa partition, quasiment note pour note, avec L'Enjeu). Retrouvant Stephen Sommers quatre ans après Le Retour de la Momie, association qui n'avait pas, loin s'en faut, fait des étincelles, Alan Silvestri avait fort à faire pour tenir la dragée haute à Jones et définitivemnt reconquérir son public. Le résultat n'en est que plus éblouissant et les notes d'ouvertures sont éloquentes : libéré de ses complexes et de ses regrets (dire que Bruckheimer lui a ôté le contrat Pirates des Caraïbes pour le mettre entre les mains de Klaus Badelt !), Silvestri nous revient dans une forme olympique, nerveux, piquant, percussif, mystérieux comme on le connaissait à l'époque de Predator. Torturée mais limpide, bruyante mais captivante, chorale sans noyer l'orchestre, la partition de Van Helsing est une sorte de napalm sonore composé "à l'ancienne", chaque envolée épique se propageant en une nouvelle série de crescendos (dignes d'un Predator, justement) avant que le "Final Battle" ne vienne une bonne fois pour toute assommer tout le monde. Epuisant dans le sens noble du terme et donc volontairement court, le disque est un concentré de barbarie symphonique comme on en entend que trop rarement à Hollywood. Une bande originale puissante, massive, qui trônera sans honte dans le même rayon que Le Treizième Guerrier ou Conan le Barbare...



