C'était de loin le titre le plus attendu de la Playstation Vita, les épisodes Playstation 3 ayant fait preuve, sur les cinq dernières années, d'une inventivité constante et d'un sens du spectacle particulièrement rare. Développé par un autre studio, Golden Abyss tient-il la comparaison face à ses prédécesseurs ?
On serait tenté de répondre par l'affirmative, tant cette aventure exclusive au support en a dans le ventre, redéfinissant en six heures de jeu ce que l'on est en droit d'attendre d'un jeu nomade. Avec son scénario joliment fignolé, ses personnages charismatiques, ses rebondissements à foison et son incroyable variété de gameplay (on passe sans cesse d'une phase d'infiltration à une séquence de gunfight, à une scène de plates-formes, puis à un puzzle-game), Golden Abyss joue dans la cour des grands, et s'impose aisément comme l'unes des premières grandes références ludiques de la Vita. Seulement voilà, une comparaison directe avec les épisodes de la PS3, tout particulièrement le dernier en date, révèle quelques manques assez dommageables, tant en termes de sensations qu'au niveau du spectacle proprement dit.
A l'échelle d'une console portable, Golden Abyss est un excellent jeu, impossible de le nier. Reste que la désertion de Naughty Dog se ressent tout du long, la mise en scène ample et cinématographique de la trilogie PS3 laissant ici place à une aventure finalement assez routinière, et étonnamment dénuée d'un ou deux grands morceaux de bravoure - pourtant une marque de fabrique de la série. Les occasions ont beau se multiplier très tôt, notamment lors de l'effondrement d'un pont de lianes, le souffle épique reste absent, les auteurs préférant tabler sur un ''simple'' divertissement de luxe. Trop concentrés à expérimenter autour des possibilités ergonomiques de la Vita, les développeurs oublient ainsi une partie de leur cahier des charges, voire se fourvoient par moments dans des tunnels pseudo-interactifs aux enjeux très artificiels (les phases d'escalades usant de l'écran tactile sont pratiques, mais diminuent considérablement la tension ; la scène de la barque, où l'on doit caresser l'écran pour ramer, est l'archétype même de la fausse bonne idée...). Heureusement, certains concepts se révèlent suffisamment payants pour faire oublier ces déconvenues, d'une utilisation bien pensée du gyroscope (on bouge la console comme dans un espace virtuel pour sniper ou photographier l'environnement) à un usage très précis des deux sticks analogiques (les gunfights sont aussi nerveux que sur console de salon). Plate-forme de recherche et de développement à part entière, Uncharted Golden Abyss semble chercher à décrypter constamment les promesses ludiques de la Vita. S'il échoue parfois dans ses tentatives, le cocktail qu'il propose donne tout de même globalement envie de se frotter aux prochaines exclusivités du support.