Sorti en 2009, Les Chroniques de Sadwick, développé par un petit studio allemand, avait réussi à faire sa place dans le cœur des amateurs de point and click, genre aventureux mais tristement délaissé. La fantaisie, l'humour british et la chronique désespérée est-elle toujours aussi marquante dans Silence, une suite qui n'a pas peur de prendre ses distances.
Et la différence est marquée sans détour par son approche esthétique. Là où le premier titre en 2D séduisait par sa fougue et sa direction artistique plus que par des animations et des tracés pas toujours maitrisés, Silence est tout simplement un véritable bijou visuel. Doté désormais d'un moteur 3D inédit, mais traitant toujours l'information en aplats telles des peintures en mouvement, le jeu se construit autour de successions de tableaux vivants, admirablement colorés et parfois même accompagnés de mouvements de caméra des plus charmants. En sept ans de développement le fossé est impressionnant, et sans aucun doute Silence fait partie des plus beau jeux existant actuellement, ne dénaturant jamais son environnement de conte de fée par les différentes énigmes qui s'y logent. Car au-delà du voyage proposé, la licence naissante The Whispered World se veut justement une réactualisation des enjeux du point and click reposant toujours sur les interactions avec des éléments de l'environnement pour débloquer un nouveau passage ou un objet indispensable à la suite. Des codes que les joueurs connaissent par cœur, mais qui tirent ici vers une épuration étonnante.
Plus question d'inventaire, l'architecture de Silence travaille surtout des résolutions immédiates, ne prenant en compte la plupart du temps qu'un seul et unique écran, deux aux maximum. Inutile de préciser que les énigmes ne sont jamais bien compliquées, et chaque élément interactif peut même être surligné d'une simple pression de clavier ou de pad.... Voilà qui met la puce à l'oreille, tout comme les légères interactions dynamiques (le personnage doit garder son équilibre quelques secondes) et l'omniprésence du mignon Spot, chenille capable de gonfler ou s'aplatir à volonté, et souvent ingrédient numéro 1 des petits puzzles. Les Chroniques de Sadwick s'apparentait à un voyage onirique, à la mélancolie distante et à l'humour pince-sans-rire décalé, Silence préfère s'adresser manifestement à un parc plus jeune, avec des gags plus grands publics et un univers plus rayonnant. Pas si gênant que cela, mais cette baisse de difficulté s'accompagnant aussi d'une trame bien plus courte, linéaire et surtout aux ellipses trop visibles (des problèmes de productions sans doute), l'ensemble peut paraitre un peu court. Petite déception donc, mais Silence a un atout maître dans sa main, la petite Rennie, gamine curieuse, aventureuse, souvent inconsciente du danger et donc d'une candeur désarmante, qui se paye le luxe de voler directement la vedette à son frère, Noah, un brin trop pleurnicheur. Un petit "bout de cul" que l'on a forcément envie d'accompagner dans cette exploration fantastique, même si l'on sent poindre longtemps à l'avance les tenants et aboutissants de cette balade loin d'une réalité tristoune.




